PAS DE 2EUX



Pas de Deux:
Femmes en trois temps
de Lysette Brochu
et Traces d'orteils sur la Voie lactée de Daniel Paradis.
Livre tête-bêche.
Poésie
Collection : Parole vivante, no 73
Mars 2008
Éditions du Vermillon, Ottawa
123 pages
Prix: 15,00 $


Lysette Brochu était au seuil de ses trente ans lorsque l’année 1975 fut décrétée « l’année internationale de la femme ».

Un soir, devant un tableau représentant une femme découpée en morceaux, elle se reconnut. N’était-elle pas cette
Femme sans visage, perdue et désemparée, celle qui ne se reconnaissait plus dans le rôle traditionnel qu’elle avait accepté de jouer, une femme divisée, tiraillée d’un bord et de l’autre ?

Dix ans plus tard, devant une foule de cinq cent femmes réunies au Harbour Castle Hilton à Toronto, elle lut un autre poème
Femme à la jonction des temps. Elle avait fait du chemin, jetait un regard rétrospectif sur son cheminement et partageait tout l’espoir qu’elle avait pour les femmes de demain.

Pourtant, en 2005, consciente du sort de ses sœurs en territoires occupés et ailleurs, elle écrivit son poème le plus sombre
Femmes en noir.

L’auteure espère pouvoir un jour écrire
Femmes de lumière. D’ici ce grand moment, elle vous offre Femmes en trois temps, une réflexion qui dure maintenant depuis plus de trente ans : trois textes à être lus à haute voix.


Les textes rythmés de Femmes en trois temps (Lysette Brochu) ont pour vocation la lecture à haute voix. Ils explorent la vie quotidienne, dénoncent certaines réalités alarmantes.
Femme sans visage dit la révolte de l’auteure devant le vécu des femmes au foyer dans la société canadienne-française des années soixante.
Moi, la femme à la jonction des temps fait état des progrès mais aussi de l’échec d’un certain féminisme.
Jean Mohsen Fahmy a écrit de
Femmes en noir, poésie engagée qui révèle des zones très sombres de la condition féminine : «C’est un texte magnifique, un cri du cœur, une colère et une indignation presque bibliques, une véritable dénonciation incantatoire. Merci pour cette humanité. Merci de la dire si bien.»

Les bonheurs, les deuils, l’ensemble de la condition humaine imprègnent les poèmes de
Traces d’orteils sur la Voie lactée (Daniel Paradis). Le personnage, Je, révèle la force de l’humain : son cœur investit même la matière, son amour balaie les étroitesses d’esprit, transcende sa douleur pour permettre le bien de l’autre. Il poursuit sa démarche d’écriture pour chercher à comprendre «le jus caché de l’univers», il dit «les grandes soifs d’horizons clairs», le pouvoir de banaliser la mort, la force créatrice de l’amour.

Daniel Paradis
Thèmes dans Femmes en trois temps


1. Femme sans visage :

Ce texte nous ramène aux années ’70 et révèle une femme perdue et chagrinée. La société l’a enfermée dans un rôle qui ne lui ressemble plus, qui l’étouffe et l’empêche de s’épanouir.

Liberté/libération :
la femme se cherche, s’indigne, rêve de devenir libre, ne veut plus se définir par rapport à l’homme.

L'angoisse : la femme a peur de vivre, de mourir avant d’avoir existé, avant d’avoir porté noblement son nom. Elle a encore peur que ses émotions la submergent ou l’anéantissent car elle les a longtemps refoulées, s’étant réfugiée dans le silence. Elle ne veut plus opter pour le déni.

Besoin : la femme a besoin de se définir, d’être vue et reconnue, de célébrer son unicité.

Colère :
la femme nourrit encore une colère larvée contre les hommes qui l’empêchent de vivre pleinement. Elle veut braver les interdits multiples. Cependant, cette colère la pousse à se sentir coupable, à avoir honte, Freud oblige.

Douleur 
: la femme ressent sa souffrance, la connecte à son passé et ne veut plus avoir besoin de la déjouer dans son présent. ...

Tristesse :
déprimée et triste pendant trop longtemps, la femme, toujours résiliente, veut se relever, se rendre maître de son destin, ne plus se résigner à suivre un ou l’autre. Elle souhaite agir, choisir...

L’espoir :
malgré l’anxiété et la peur, la femme espère car elle reconnaît des signes d’un temps nouveau.

Solitude :
dans son couple, la femme se sent souvent seule et incomprise. La communication est absente, le sentiment d’être égale à l’autre n’y est pas. Elle veut maintenant mettre les bons mots sur ses maux.

Femme/homme :
la femme est responsable du foyer et de l’éducation, l’homme doit être le bon pourvoyeur, entre les deux, l’ennui, incapables tous les deux d’exprimer leurs émotions.

2. Moi, femme à la jonction des temps :

Ce texte, écrit pendant les années ’80, rappelle le rôle que la femme du passé (mères et grands-mères) devait jouer et situe la femme du jour, cette femme qui vient de traverser une période de grande révolution, de perturbation, de libération, cette femme qui a changé…

Famille : le temps est au partage des rôles mais la femme se sent encore responsable, l’âme du foyer. Sa tête est au bureau mais son cœur est à la maison.

Femme/homme :
La femme a dépassé le stade de la révolte et elle ne veut plus se comparer à l’homme. Maintenant, sa colère tombée, elle cherche à s’approcher de lui sans se perdre, à mieux aimer son compagnon de vie. Elle veut partager les enjeux de l’éducation, des finances etc.

Avenir :
les mères encouragent leurs filles à faire des études supérieures ou à envisager les carrières qui les intéressent, même les non-traditionnelles.

3. Femmes en noir :

Ce texte, écrit en 2005, montre que la situation de la femme ne s’est guère améliorée si on en juge par la détresse mondiale de nos sœurs. Partout sur la planète, des femmes sont persécutées, victimes de violence…

Violence : survol du scandale mondial de la violence faite aux femmes, violence inacceptable qui ignore la richesse, la culture ou la religion. Dénonciation des préjugés, appel pour briser ce cycle de violence.

Inquiétude :
devant l’indifférence aux femmes en territoires occupés, devant l’objectivation de la femme dans les médias et dans la vie, inquiétude face à l’avenir des femmes, peur de cette guerre des sexes qui se perpétue…

Beauté : révolte contre les stéréotypes de beauté véhiculés. Les images présentées aux jeunes filles : la beauté plastique d’une poupée Barbie, de gros seins, du Botox, un corps anorexique…

Commentaires:

**
Le livre tête-bêche « Pas de deux » a su me donner plusieurs heures de réflexion, surtout la partie "Femmes en trois temps" car c'est ma mère qui l'a écrite. En lisant les trois portraits de la femme qu'elle nous offre, je me reconnaissais et j'étais émue. Ce sont des textes rythmés qui ont pour vocation la lecture à haute voix. Ils explorent la vie quotidienne, dénoncent certaines réalités alarmantes, disent la révolte de l’auteure devant le vécu des femmes au foyer dans la société canadienne-française des années soixante, font état des progrès mais aussi de l’échec d’un certain féminisme... La poésie engagée du dernier texte révèle des zones très sombres de la condition féminine du jour...
Manon Brochu

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« 
Lysette est une auteure qui voudrait prendre tout le genre humain dans ses bras pour le réconforter. Elle est pour moi une mater consolatrix qui voit clair, dont les mots nettoient la vitre salie par les dogmes et le cynisme.
  Sensible aux injustices de toutes formes, Lysette montre sa remarquable fidélité à l'amélioration de la condition féminine.
  À une époque où on tente de faire taire les voix de femmes, où le gouvernement du Canada coupe le financement des groupes d'aides aux femmes, où des femmes cultivées qui veulent garder leur cote de popularité dénigrent les combats de celles qui les ont établies où elles sont, quand des “battantes” n'osent plus se dire féministes de peur de faire peur, il y a la fidélité, le gros bon sens et le coeur de Lysette.
  Trois époques, trois beaux portraits, trois notes de fidélité et de compassion. La compassion (cum - avec, passio souffrance, souffrir avec) que je souhaite à tous les lecteurs! »
Michèle Laframboise

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Hello Lysette,
I was reading your work yesterday evening (Femmes en trois temps) and enjoyed it. I do not usually go for feminist writing, but there is something about your sincerity that moves me and obliges me to take a second look at my attitude.
Heather Ferguson (poet)

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Lysette,  je tiens à te féliciter pour ta dernière publication 'Femmes en trois temps' que j'ai eu l'honneur de recevoir pour mon anniversaire...
J'ai été touchée par ta dédicace 'femme de lumière'... j'ose espérer te lire sous ce titre avant longtemps; sûrement tu en trouveras le goût et l'audace.  J'ai parcouru tes écrits avec délice et me propose d'y  retourner pour en jouir davantage. Tu as su peindre la condition féminine dans toute sa réalité actuelle, si alarmante soit-elle.
Hélène

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Courriel reçu après la prestation: Journée de la femme (2013)
Conférence de Lysette:
La femme en trois temps… et aujourd’hui.
Objet: Remerciements
J'étais à l'activité de la journée de la femme aujourd'hui. J'ai été très touchée par votre prestation. Vous avez captivé l'auditoire du début à la fin. Vous m'avez fait rire et pleurer tour à tour. Vous avez éveillé en moi (et sûrement en plusieurs autres) l'envie de faire un pas de plus, d'aller de l'avant, de me dépasser, d'évoluer encore ... De ne pas abandonner la quête du moi. Un gros merci et félicitations pour votre oeuvre.
Lucie L.