La cendre des mots


-Poèmes et textes-
Après l’incendie de la bibliothèque de Bagdad
Textes sur l’indicible

Collection Poètes des cinq continents,
Éditions de l'Harmattan,
142 pages, 12,2 € / 80 FF, 20,95 $ CAN
Paris, novembre 2003
Collectif sous la direction de Khal Torabully

Bouleversé par l'incendie de la bibliothèque de Bagdad lors de l'invasion américaine de l'Irak, le poète
Khal Torabully lance un appel à textes pressant à des auteurs.

Que dire devant la destruction d'une partie essentielle de la mémoire de l'humanité? Très tôt des poètes et d'autres acteurs culturels ont répondu présents à cette nécessaire parole poétique dans un monde voleur de mots. Plus que jamais, il faut dire le Divers, pour garder au monde son livre. D'autant que c'est à Bagdad que fut traduit l'essentiel des textes greco-romains, textes fondateurs à la fois du monde arabo-musulman et de la chrétienté.

Lysette participe à ce collectif avec son poème
Feue, la bibliothèque de Bagdad
Page 47
La cendre des mots
La cendre des mots...
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Africultures

Parlons du travail que vous faites. Un recueil de textes est paru en octobre 2003, que vous avez présenté à l’espace Harmattan le 2 avril 2004. C’est un recueil qui rassemble des textes et poèmes, La Cendre des mots, projet né suite à la destruction de la Bibliothèque de Bagdad. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

C’était au mois de mars 2003 pendant la guerre en Irak. Un soir à la télé j’ai vu que la Bibliothèque de Bagdad brûlait. On voyait les images en direct ou presque. Comme toutes les consciences normalement constituées de cette planète, j’étais profondément triste, choqué. J’ai voulu pleurer, je n’ai pas pu, tellement le choc était immense. J’ai dit : il me reste une seule chose, écrire là-dessus. Je n’ai pas pu écrire là-dessus, seul. C’est la première fois que cela m’arrivait car j’ai écrit des textes sur Tien Anmen, sur les massacres en Algérie. Je me suis dit : je vais le faire avec d’autres. Je me rappelle avoir téléphoné à Geneviève Clancy, directrice de la collection
« Poètes des cinq continents » qui m’a donné son accord le soir même. Elle était aussi dans un état de tristesse et d’incapacité d’écrire inhabituelle. C’était l’anéantissement. C’est certainement le sentiment prévalant chez les humains de nos jours. C’est quand même une Bibliothèque extrêmement importante pour la mémoire de l’humanité qu’une guerre stupide venait de rayer. Et en plus il y avait une sorte de volonté de s’attaquer à la culture de ce vieux pays, à ses archives.

Tout être qui aime le livre, l’une des choses les plus fondamentales qui existent pour l’être humain, aurait aimé réagir. Dès lors, beaucoup d’autres personnes ont partagé ce projet. La preuve, on a eu des textes de soixante auteurs environ... Des textes qui expriment une indignation – car nous n’avons pas d’autres armes que nos mots - pour dire que nous avons été profondément révoltés, perturbés par ce type de guerre « préventive » - et qui a sécurisé (mot à la mode) tout le périmètre du ministère du Pétrole mais permis le saccage des objets beaux et des objets forts, là où le peuple irakien a ancré sa mémoire pour résister à toutes sortes de barbaries. Il y a eu un acte barbare dans cette guerre dite démocratique : le pillage, l’incendie de cette Bibliothèque que je mets sur le même plan que celui de la Bibliothèque d’Alexandrie et de celle de Sarajevo qui a été brûlée car c’était la seule où toutes les communautés pouvaient venir lire. On a détruit ces lieux, c’est quand même très significatif. Est-ce qu’un acte si terrible ne peut pas donner une œuvre qui le rappelle et le dépasse ? Songeons à Guernica de Picasso…

Comment le livre a-t-il été reçu après sa parution, par les poètes, les écrivains qui n’ont pas participé au projet et le grand public ?

Les échos que j’en ai sont très positifs. Philippe Tancelin qui est du CICEP m’a dit que ce livre lui a donné l’idée de lancer l’Internationale des poètes, que ce livre se vendait très bien. En même temps on constate une chose : les gens sont dans l’attente d’une issue, se terrent dans un silence oppressant. On a reçu le nouveau siècle comme un coup de massue sur la tête. Il y a eu les manipulations que l’on sait, une spirale de violences est née. Les gens sont perdus, ne savent pas vraiment se qui se trame, de quoi l’avenir sera fait, il y a des inquiétudes graves. Je pense que plus que jamais, l’artiste doit investir cette peur qui est proche d’être panique, pour seulement vaincre l’inertie sur divers plans…

Table des matières Khal Torabully, Les mondes brûlent-ils ? Danielle Fournier, Les portes vivantes Martine L. Jacquot, Au lendemain du cauchemar Titane Houben-Galer, Bibliothèque Anne Guerrant Pierre Giouse, À nos ancêtres Nathalie Stephens, Un pigeon meurt sur ma voix (extraits) Ginane Maki Bacho, Qui a brûlé les livres ? Anne Beresford, Always in another country Paul Dakeyo, De l'autre côté de Bagdad Dr Cynthia Hahn, L'histoire en quelques mots Mourad Yelles, La nuit de Babel Hédi Bouraoui, Brûle le patrimoine en Irak occupé Andrew Fincham, Lines on the destruction of the library in Baghdad Geneviève Clancy, La faim amère des roses Simon Moleke Njie (Simon Mol), We re-geostructured the world Michèle de Laplante, Biblio-rage Louis-Marie Kimpton, Incendie Pierrette Etcheverlepo Ottavio Rossani, Versant Lise Carducci, II était une fois l'Eden Samira Issa, Une photo et une voix Gab's, Les belles flammes les belles Lysette Brochu, Brasier de la haine ou feu la bibliothèque nationale de Bagdad Marc Quaghebeur, Pax tecum, dominé,... Paul Meunier, Au bout du conte,... Abdourahman A. Waberi, La guerre, dites-vous, quelle guerre ? Georges Mathieu de la Serve, De la prétendue nécessité des bibliothèques, musées, etc. Andrée Lacelle, Averse de signes Val Warner, Old library OKAN, Où sont les passeurs de l'histoire du temps ?Nathaniel Tarn, Globes d'or de l'espérance Auxeméry, An, ciel Dominique Delhaye, Sans titre,... Dr Abdul Sheriff, Books in flames Barbara El-Khoury, Iris ou Irak, pourquoi ? Angèle Bassolé, Sur les rives de l'Euphrate José Carlos Rodriguez Najar, Homme-temps-monde Seydou Beye, Le matin de communion Umar Timol, Casualties of war Marcel Kemadjou Njanke, Bagdadi Bagdada Danielle, Le sang des livres Daouda Ndiaye, Kaso bi Fabrice Devésa, Communication Jorge Urrutia, Busca Ulises un libro, Bagdad y primavera Rosemarie Racine, À Ray Bradbury Claude Robert-Beauvillain Tanella Boni, Les mots aussi sont des cimetières dévastés par les passions Fabienne Swiatly, Là bas Lorraine Pobel, Poème pour la paix Evelyne Accad, Bagdad, Beyrouth : combien de morts encore ? Antoine Boulad, Cher Monsieur, Astrid Gateau, Drôle d'inventaire,... Philippe Tancelin, Mer de cendres dans blessure Ashebad Moktan, J'ai hurlé ton nom dans le silence du soir Mariella De Santis, II sonno di dio madre Diane Descôteaux, La bibliothèque,... Rosa Alice Branco, Armes alchimiques,... Clara Janès, La rose de Halladj Francesca Limoli, Immense villaggio di stermino Ahmed Ben Dhiab, Sous un déluge de jasmin Daniella Crasnaru, Les lyons de Babylone Paul Polansky, The Russian club,... Khal Torabully, Complainte de l'enfant qui deviendra analphabète devant le livre du monde Textes annexes


Entrevue : Tanella Boni et Khal Torabully...