
Roman
La revue Voix plurielles
28/05/15 00:01
Critique littéraire:
Voix plurielles La revue Voix plurielles (ISSN 1925-0614) est la revue de l'Association des Professeur.e.s de français des universités et collèges canadiens. Elle publie des articles, des comptes-rendus et des notes de recherche de nature littéraire, linguistique, culturelle et pédagogique.
Voir la critique de Brûlants secrets de Marianne :
de Gabrielle Bonifaci
Le jeudi 7 mai 2015
https://journals.library.brocku.ca/index.php/voixplurielles/article/view/1213
Et cliquez sur le PDF
Ou
Ci-inclus la critique: Brochu, Lysette. Brûlants secrets de Marianne. Ottawa : Vermillon, 2014. 279 p.
Les « brûlants secrets » de Marianne Morneau appartiennent à un personnage dont les antécédents littéraires sont, non seulement largement connus, mais également revendiqués dans le roman de Lysette Brochu. Ils renvoient essentiellement à des femmes sorties tout droit de célèbres romans qui ont mené leur vie fictive sous l’emprise de passions amoureuses contrariées tout comme chez la jeune Franco-Ontarienne du roman. La famille littéraire de Marianne Morneau comprend Maria Chapdelaine, la jeune Québécoise qui rêvait du coureur des bois François Paradis mais a dû se contenter d’Eutrope Gagnon ; Madame de Rênal dans Le rouge et le noir de Stendhal, qui, sous le poids des conventions sociales et religieuses, condamne son amant à la mort ; Emma Bovary, déçue par son mari et ses amants à tel point qu’elle se suicide en avalant de l’arsenic.
Sauf que la vie de Marianne Morneau est bien plus douloureuse que celle de Maria Chapdelaine. L’héroïne de Brochu se mariera effectivement avec un homme du Nord, mais elle n’aime décidément pas le Nord. Marianne n’est pas non plus comme Madame de Rênal, confortablement mariée et amoureuse d’un Julien anobli et romantique, ni d’ailleurs comme Madame Bovary. Certes, son histoire finit, chez elle aussi, par la prise d’un poison et un suicide, mais ses liaisons sont encore moins reluisantes que celles d’Emma, ses dépenses encore moins contrôlées. Son mari se sépare d’elle ; l’alcool et la folie qui traine dans sa famille, et un indicible drame qui a bouleversé toutes ses attentes d’adolescente, la conduisent à sa perte. Marianne est sans doute une distante cousine de Nana, chez Emile Zola, destinée à la prostitution et à la déchéance sous l’effet – selon l’auteur – de tares héréditaires.
Marianne, c’est un personnage féminin sans les fictions de la bienséance et des idéaux. Usée par des travaux trop durs, de nombreuses maternités, un climat trop rude, une existence trop précaire, des tourments incessants, elle chute dans un malheur qui la terrasse. Le roman de Brochu dresse le portrait émouvant, mais sans aucune illusion et sans le moindre embellissement, d’une femme mariée à quinze ans, morte à trente-huit.
Le roman se déroule dans le nord de l’Ontario – Matheson, dans la région de Timmins, et Cobalt plus au sud, dans la direction de Sudbury – depuis la fin du dix-neuvième siècle jusqu’en 1934, dans une région minière que les colons francophones viennent défricher pour s’y installer. L’église catholique est omniprésente. Jusqu’à l’adolescence, Marianne est pensionnaire dans un couvent, petite Jane Eyre à la française. Bucherons francophones et anglophones fraternisent dans leur tâche commune ; le gouvernement provincial limite l’enseignement du français (il s’agit de l’infâmant règlement dix-sept qui est resté dans l’imaginaire franco-ontarien) ; les femmes et leurs nombreux enfants vivent dans des conditions difficiles dans le Nord. Mais, insiste l’auteure, « Plusieurs des lieux décrits ne ressemblent en rien à la réalité : il m’a fallu inventer un monde fictionnel pour les besoins du récit. Cet ouvrage n’est donc pas un ‘roman historique’, mais un ‘roman de fiction’ inspiré de certaines circonstances de la vie ».
Restent les « secrets brûlants » de Marianne. On pourrait en dire long, mais ce sera aux lectrices et aux lecteurs de les découvrir et se laisser bouleverser.
Gabrielle Bonifaci ...
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Voix plurielles La revue Voix plurielles (ISSN 1925-0614) est la revue de l'Association des Professeur.e.s de français des universités et collèges canadiens. Elle publie des articles, des comptes-rendus et des notes de recherche de nature littéraire, linguistique, culturelle et pédagogique.
Voir la critique de Brûlants secrets de Marianne :
de Gabrielle Bonifaci

Le jeudi 7 mai 2015
https://journals.library.brocku.ca/index.php/voixplurielles/article/view/1213
Et cliquez sur le PDF
Ou
Ci-inclus la critique: Brochu, Lysette. Brûlants secrets de Marianne. Ottawa : Vermillon, 2014. 279 p.
Les « brûlants secrets » de Marianne Morneau appartiennent à un personnage dont les antécédents littéraires sont, non seulement largement connus, mais également revendiqués dans le roman de Lysette Brochu. Ils renvoient essentiellement à des femmes sorties tout droit de célèbres romans qui ont mené leur vie fictive sous l’emprise de passions amoureuses contrariées tout comme chez la jeune Franco-Ontarienne du roman. La famille littéraire de Marianne Morneau comprend Maria Chapdelaine, la jeune Québécoise qui rêvait du coureur des bois François Paradis mais a dû se contenter d’Eutrope Gagnon ; Madame de Rênal dans Le rouge et le noir de Stendhal, qui, sous le poids des conventions sociales et religieuses, condamne son amant à la mort ; Emma Bovary, déçue par son mari et ses amants à tel point qu’elle se suicide en avalant de l’arsenic.
Sauf que la vie de Marianne Morneau est bien plus douloureuse que celle de Maria Chapdelaine. L’héroïne de Brochu se mariera effectivement avec un homme du Nord, mais elle n’aime décidément pas le Nord. Marianne n’est pas non plus comme Madame de Rênal, confortablement mariée et amoureuse d’un Julien anobli et romantique, ni d’ailleurs comme Madame Bovary. Certes, son histoire finit, chez elle aussi, par la prise d’un poison et un suicide, mais ses liaisons sont encore moins reluisantes que celles d’Emma, ses dépenses encore moins contrôlées. Son mari se sépare d’elle ; l’alcool et la folie qui traine dans sa famille, et un indicible drame qui a bouleversé toutes ses attentes d’adolescente, la conduisent à sa perte. Marianne est sans doute une distante cousine de Nana, chez Emile Zola, destinée à la prostitution et à la déchéance sous l’effet – selon l’auteur – de tares héréditaires.
Marianne, c’est un personnage féminin sans les fictions de la bienséance et des idéaux. Usée par des travaux trop durs, de nombreuses maternités, un climat trop rude, une existence trop précaire, des tourments incessants, elle chute dans un malheur qui la terrasse. Le roman de Brochu dresse le portrait émouvant, mais sans aucune illusion et sans le moindre embellissement, d’une femme mariée à quinze ans, morte à trente-huit.
Le roman se déroule dans le nord de l’Ontario – Matheson, dans la région de Timmins, et Cobalt plus au sud, dans la direction de Sudbury – depuis la fin du dix-neuvième siècle jusqu’en 1934, dans une région minière que les colons francophones viennent défricher pour s’y installer. L’église catholique est omniprésente. Jusqu’à l’adolescence, Marianne est pensionnaire dans un couvent, petite Jane Eyre à la française. Bucherons francophones et anglophones fraternisent dans leur tâche commune ; le gouvernement provincial limite l’enseignement du français (il s’agit de l’infâmant règlement dix-sept qui est resté dans l’imaginaire franco-ontarien) ; les femmes et leurs nombreux enfants vivent dans des conditions difficiles dans le Nord. Mais, insiste l’auteure, « Plusieurs des lieux décrits ne ressemblent en rien à la réalité : il m’a fallu inventer un monde fictionnel pour les besoins du récit. Cet ouvrage n’est donc pas un ‘roman historique’, mais un ‘roman de fiction’ inspiré de certaines circonstances de la vie ».
Restent les « secrets brûlants » de Marianne. On pourrait en dire long, mais ce sera aux lectrices et aux lecteurs de les découvrir et se laisser bouleverser.
Gabrielle Bonifaci ...
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Les cinq coups de coeur de Paul-François Sylvestre
16/12/14 20:20
Semaine du 16 au 22 décembre 2014 Les cinq coups de coeur du chroniqueur Paul-François Sylvestre - L'Express de Toronto Brûlants secrets de Marianne, parmi les cinq coups de coeurdes 50 livres lus pendant l’année 2014, pour le chroniqueur Paul-François Sylvestre de l’Express de Toronto. Voici l’hyperlien pour l’article dans L’Express, semaine du 16 décembre au 22 décembre 2014 http://www.lexpress.to/archives/14798/ « Lysette Brochu, Brûlants secrets de Marianne, roman, Ottawa, Éditions du Vermillon. La Marianne du titre entame sa vie adulte dans l’Est ontarien en cachant à son mari deux terribles secrets qui vont la hanter une fois établie dans le Nord, voire la plonger constamment dans «des périodes d’errance et de désespoir absolu». Le roman peint un vibrant portrait des années de colonisation dans le Nord ontarien, lesquelles coïncident avec la Première Guerre mondiale, la grippe espagnole et de grands incendies de juillet 1916 et octobre 1922. Avec Brûlants secrets de Marianne, Lysette Brochu a réussi à évoquer avec brio toute une page de notre histoire. » |
ENTRE NOUS, ROGERS TV
18/06/14 14:46
Huitième chronique
Rogers télé-Ottawa, émission Entre nous.
Publié le 18 juin 2014
par bourgonm
Critique littéraire

Brûlants secrets de Marianne de Lysette Brochu
aux Éditions du Vermillon.
Lysette, tout le monde la connaît. Elle a écrit toute sa vie. Elle a même écrit sa vie dans Parfum de rose et de tabac. Elle nous revient avec son tout premier roman et ma foi, c’est vraiment une réussite. Dès le début de l’histoire, la mère de Marianne va se pendre. Elle souffre de maladie mentale ( bi-polarité). Marianne va grandir seule, quasi orpheline, placée par son oncle et sa tante dans un pensionnat dirigé par les sœurs. Lors d’une sortie, elle subira les gestes déplacés de son père et elle n’oubliera jamais. Voilà pour l’intrigue. Mais ce qui est absolument magnifique dans ce roman, c’est le tableau de mœurs que Lysette Brochu brosse. On revoit toutes les coutumes de l’époque, la vie courageuse des femmes franco-ontariennes, obligées de vivre leurs espérances loin de toutes commodités. Tout cela est excellemment bien décrit. On vit avec les personnages, on ressent leurs émotions, leurs angoisses.
Le langage, émaillé de régionalismes est savoureux. On le déguste à grandes lampées. Un livre à lire avec ouverture et curiosité. Un livre qui doit rendre fier d’être franco-ontarien.
Bravo Lysette !
Pour poster un commentaire, voir: https://bourgonm.wordpress.com/2014/06/18/huitieme-chronique-rogers-tele-ottawa-emission-entre-nous/
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Rogers télé-Ottawa, émission Entre nous.
Publié le 18 juin 2014
par bourgonm
Critique littéraire

Brûlants secrets de Marianne de Lysette Brochu
aux Éditions du Vermillon.
Lysette, tout le monde la connaît. Elle a écrit toute sa vie. Elle a même écrit sa vie dans Parfum de rose et de tabac. Elle nous revient avec son tout premier roman et ma foi, c’est vraiment une réussite. Dès le début de l’histoire, la mère de Marianne va se pendre. Elle souffre de maladie mentale ( bi-polarité). Marianne va grandir seule, quasi orpheline, placée par son oncle et sa tante dans un pensionnat dirigé par les sœurs. Lors d’une sortie, elle subira les gestes déplacés de son père et elle n’oubliera jamais. Voilà pour l’intrigue. Mais ce qui est absolument magnifique dans ce roman, c’est le tableau de mœurs que Lysette Brochu brosse. On revoit toutes les coutumes de l’époque, la vie courageuse des femmes franco-ontariennes, obligées de vivre leurs espérances loin de toutes commodités. Tout cela est excellemment bien décrit. On vit avec les personnages, on ressent leurs émotions, leurs angoisses.
Le langage, émaillé de régionalismes est savoureux. On le déguste à grandes lampées. Un livre à lire avec ouverture et curiosité. Un livre qui doit rendre fier d’être franco-ontarien.
Bravo Lysette !
Pour poster un commentaire, voir: https://bourgonm.wordpress.com/2014/06/18/huitieme-chronique-rogers-tele-ottawa-emission-entre-nous/
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L'Express du grand Toronto
27/05/14 14:43
L’EXPRESS,
l’hebdo des FRANCOPHONES DU GRAND TORONTO
Fresque dramatique développée avec brio
Par Paul-François Sylvestre – Semaine du 27 mai au 2 juin 2014
Lysette Brochu, Brûlants secrets de Marianne, roman, Ottawa, Éditions du Vermillon, 2014, 282 pages, 20 $.
Après avoir signé quinze ouvrages, surtout des livres pour enfants et élèves du primaire, ainsi que des récits ou tableaux de vie, la Franco-Ontarienne Lysette Brochu nous offre un roman pour grand public. Elle relève ce défi avec brio en publiant Brûlants secrets de Marianne, une fresque dramatique qui s’étend de 1894 à 1934 et qui nous promène de Fournier, Casselman et Vankleek Hill (Est ontarien) à Cobalt, Matheson et Kirkland Lake (Nord-Est ontarien).
La Marianne du titre entame sa vie adulte en épousant Albert Sirois et en lui cachant deux terribles secrets (que je ne dévoilerai point pour ne pas gâcher votre plaisir de lecture). Disons tout simplement que ces deux brûlants secrets non confessés sont aussi pesants qu’une chape de plomb. Ils traumatisent la jeune femme et la plongent constamment dans «des périodes d’errance et de désespoir absolu».
Le roman peint un vibrant portrait des années de colonisation dans le Nord ontarien, lesquelles coïncident avec la Première Guerre mondiale, la grippe espagnole et de grands incendies.
Le 29 juillet 1916, un effroyable sinistre détruit plus de 500 000 acres dans la région de Matheson; le nombre de victimes s’élève à 300 et 500 familles perdent tout ce qu’elles possédaient.
Le 4 octobre 1922, un autre incendie détruit presque tout le sud de Haileybury et le village de North-Cobalt. Le bilan s’avère lourd: 18 cantons ravagés, 33 morts, 1 565 logis incendiés, 6 566 personnes sans abri.
La romancière écrit que «des familles erraient, dans le dénuement complet, privées de vêtements, de nourriture, de logement. Tant de victimes avaient vu des proches se transformer en torches vivantes.»
Ce roman rappelle la période du Règlement 17 (1912-1927) où l’enseignement en français était à toutes fins utiles banni en Ontario. Albert Sirois se dit que le prix à payer pour vivre à Matheson, en 1918, c’est d’envoyer son enfant à une école anglaise. Il n’y voit rien de mal car c’est la langue des «gros boss. Tu vas pas loin dans vie si tu sais parler la langue des patrons.»
Son épouse Marianne ne partage pas cet avis, bien au contraire. Pour elle, la langue est la gardienne de la foi. Et la lecture demeure un puissant levier culturel. Même si elle n’a terminé que sa huitième année, elle sait enseigner le français à ses huit enfants (elle en a perdu trois autres en bas âges).
La progéniture de Marianne porte des noms comme Rose, Lionel, Muguette ou Laurier. Plusieurs personnes adultes du roman, eux, sont affublés de prénoms plus colorés: Mastaï, Démerise, Orphir ou Dorilda.
Lysette Brochu colore son récit de dialogues qui semblent très réalistes ou typiques de l’époque. En voici un exemple: «Mon Dieu! bretter d’même, c’est à croire qu’y reviendra pas. Y’a belle lurette qu’y aurait dû ersoude, y’ambitionne su’ l’pain bénit.»
Chaque chapitre du roman est coiffé d’une citation d’un auteur, le plus souvent franco-ontarien. En exergue du chapitre 25, on peut lire ce mot de Stefan Psenak: «c’est pas les prétexte qui manquent pour être malheureux». De toute évidence, Marianne n’a jamais pu oublier le passé, faire un trait sur les vieilles blessures et choisir d’être heureuse.
Elle est aux prises avec des «humeurs étranges», ce qui semble presque invariablement attirer la misère sur sa famille. Cette fresque dramatique – je ne vous le cache point – a une fin tragique…
Je vous signale, en passant, qu’on trouve à la fin du livre un glossaire renfermant des expressions, régionalismes ou anglicismes. En voici quelques exemples: hand-me-downs (vêtements usagés), instipoller (être indigné, vexé, insulté), lessi (eau de lessive faite à partir de cendres), ouaguinne (wagon prononcé à l’anglaise).
Avec Brûlants secrets de Marianne, Lysette Brochu a réussi à évoquer avec brio toute une page de notre histoire. Elle est une digne descendante d’Hélène Brodeur.
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Culture hebdo
26/05/14 14:11
http://www.culturehebdo.com/livres-avril-2014.htm
(chercher vers la fin des critiques)
Agence de presse culturelle destinée aux hebdos régionaux de la province
Co-chefs de pupitres:
Daniel Rolland et Sylvain Champagne

Pauvre Marianne C’était une jeune fille qui avait d’autres aspirations, cette Marianne qui a perdu sa mère lorsqu’elle était âgée d’à peine trois ans. Elle sera élevée chez une tante à Casselman en Ontario puis dans un couvent. Elle a huit ans quand son père réapparait finalement. Marianne voulait entreprendre des études, il n’en sera plus question puisque le père la traine dans une région minière. A quinze ans elle rencontre Albert qui a dix ans de plus qu’elle. Ils vont se marier. Avec des naissances à répétition et des mort-nés. Et la misère qui colle à leur peau. C’est du Zola franco-ontarien. Avec Brûlants secrets de Marianne c’est aussi en toile de fond l’existence difficile des franco-ontariens. Quel grand roman! On pense à toutes ces femmes qui sont passées à côté de leur existence pour répondre aux codes sociaux exigés. Et toujours le manque de ressources financières.
Brûlants secrets de Marianne. Lysette Brochu. Vermillon
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