
Journal étudiant / De La Salle
04/02/16 00:07
Le jeudi 4 février 2016
Le Cavalier
Journal étudiant de l’école secondaire publique De La Salle Pages 6-10
https://de-la-salle.cepeo.on.ca/wp-content/uploads/sites/16/2018/09/Le_Cavalier_fev_2016.pdf
ÉDITION DU 4 FÉVRIER 2016
Lysette Brochu : l’auteur qui ranime les souvenirs
Par Midley Basquin
Lysette Brochu est une écrivaine franco-ontarienne née à Sudbury. Elle est l’auteure de nombreux livres et gagnante de divers prix au Canada.
Très impliquée dans la communauté, elle a participé à de nombreux ouvrages collectifs et des revues de langue française. Ensuite, depuis la publication de son roman en 2001, Brûlant secret de Marianne, elle édite uniformément des récits de vie, des ouvrages pour enfants, recueils de poésie, etc. Pour son public qui est de plus en plus varié, Lysette Brochu ranime des souvenirs, et fait rêver les plus petits. Récemment nous avons eu la chance d’interviewer l’auteure pour vous faire découvrir son cheminement, et bien plus…
Madame Brochu, vous écrivez plusieurs sortes de livres, d’où puisez-vous vos inspirations ?
R. Partout ! Dans mes souvenirs, de mes petits-enfants, d’un fait divers lu dans le journal, d’un rêve... Exemple: mon roman Brûlant secret de Marianne est inspiré d’une anecdote que m’a racontée un ami, au sujet de sa grand-mère. Le livre épistolaire Mes lettres et poèmes à Jules Roy, poste restante Vézelay, est le fruit d’un séjour en Bourgogne, en France. L’album, Les folies du poisson d’avril, raconte un peu ce que mon fils a joué comme tours à ses enfants, au fil des ans.
En quoi votre métier d’enseignante a-t-il un effet sur le fait que vous écrivez ?
R. C’est un peu la question de la poule ou de l’œuf, n’est-ce pas ? Je ne sais pas si j’écris parce que j’aime toujours ma profession ou si j’ai choisi d’être enseignante parce que j’aimais lire et écrire. Une chose est certaine, je n’écris pas pour donner des leçons ou faire la morale à qui que ce soit. Je veux simplement partager ce que j’ai appris parfois de peine et de misère. Surtout, je veux laisser des traces de mon passage sur la terre, témoigner de mon temps, faire rêver les enfants, et m’amuser avec les mots. J’ai la chance de donner des ateliers littéraires dans des classes, des bibliothèques, des Salons du livre, partout au Canada et même ailleurs dans le monde. Quel privilège ! Je me ressource en rencontrant plusieurs lecteurs, petits et grands, et je reviens chez moi, enthousiaste et prête à plonger dans la solitude de l’écriture. Pour moi, pas de retraite !
Pourquoi ne gardez-vous pas un seul public cible ? Par exemple, vous écrivez des livres pour jeunes enfants, et aussi pour un public un peu plus adulte.
R. Je n’ai pas envie de me faire cataloguer dans un genre en particulier «auteure jeunesse» ou «nouvelliste» ou «romancière» ou «poète» ou «haïkiste». J’écris pour mon plaisir, pour les tout-petits, les 7 à 107 ans, sans vouloir me restreindre à un seul style, sans penser à une carrière à long terme. Je rêve d’écrire une «pièce de théâtre», pourquoi pas ? Ou un «Récit de voyage»... Pendant ma carrière en enseignement, j’ai aussi souvent changé de groupes d’âge. J’ai commencé ma carrière au primaire, puis j’ai longtemps enseigné au secondaire, ensuite à l’université aux jeunes et aux adultes. J’aime être libre de suivre mon pif, mon intuition, mes impulsions.
Avez-vous une préférence en matière de livre que vous écrivez; aimez-vous un genre plus que l’autre ?
R. Difficile à répondre. J’ai connu une grande satisfaction à tenir mon premier roman entre mes mains. Mais, plusieurs de mes lecteurs me demandent un troisième recueil de «tableaux de vie». Il faut dire que ce genre me vient facilement... Les récits de vie ont un pouvoir transformateur mystérieux. Chaque lecteur, habité par son histoire personnelle, rencontre un autre «je» et sort de son isolement. La magie opère! Les souvenirs se réveillent, éclairent parfois des pans entiers du passé, modifient l’avenir. Le liseur sourit, rit, verse même une larme... ne sera plus jamais le même. Rien n’est banal, même l’anecdotique. Le moindre tableau peut devenir trésor de littérature ou étincelle de lumière. Dans une société qui change du jour au lendemain, à un rythme effarant, le récit de vie vient aussi combler les trous de mémoire collectifs. Et je me rends compte que les gens aiment beaucoup la télé-réalité, les autobiographies...
Et est-ce que l’écriture fait partie de vous depuis votre enfance ?
R. C’est mon institutrice de septième année qui m’a fait vibrer avec un poème, l’Érable rouge d’Albert Lozeau. Elle a su me transmettre sa passion pour la poésie. Donc, à l’âge de douze ans, j’ai commencé à faire des vers, comme on apprend à tricoter ou à jouer de la guitare. J’avais très peu de confiance en moi cependant. Je n’ai donc pas publié avant l’âge de vingt-huit ans.
Vous êtes très présente dans la société franco-ontarienne et vous êtes juge dans plusieurs concours, comment c’est pour vous d’épauler
d’autres passionnés ?
R. Ma mère disait souvent : «On ne fait pas son ciel tout seul.» C’est en aidant aux autres à réaliser leurs rêves que nous sommes le plus heureux, j’en suis convaincu. Peut-être est-ce une qualité de mon cœur d’enseignante ? Presque tous mes livres pour enfants ont été illustrés par quelqu’un «sans expérience» et non «sans talent». Des jeunes qui voulaient leur chance, mais les éditeurs leur répondaient : «Vous n’avez pas d’expérience.» Je voulais être celle qui leur ferait confiance, qui leur offrirait l’occasion de montrer ce qu’ils pouvaient faire...
Comment décririez-vous votre processus d’écriture ?
R. Pas de recette magique. Cependant, moins j’écris, moins j’ai le goût d’écrire. Alors, je me motive donc à écrire un peu tous les jours. J’écris un paragraphe ou deux pages ou plus par jour. Parfois, je consulte mon carnet de notes, celui que je garde dans mon sac à main et dans lequel je rédige des idées ou des bribes de conversation ou des fragments de rêves... Je sors aussi mon cahier de vocabulaire. Par exemple, pour l’écriture de mon roman Brûlant secret de Marianne, j’avais une banque d’expressions et de mots de l’époque : magané, s’épivarder, etc. Cette liste m’aidait à étoffer mes dialogues. Afin de commencer à écrire, je dois savoir comment mon texte se terminera. Aussi, j’aime bien avoir un titre en tête, car, il oriente mon récit. Après un premier jet, je me relis... je corrige et je peaufine le texte. J’ai aussi un «dream team» composé de cinq amis, des auteurs que j’aime bien. Une fois par mois ou tous les deux mois, nous nous rencontrons pour discuter de nos impasses. Cela permet de mieux réviser nos écrits, de les perfectionner. Il faut avoir le courage nécessaire afin d’accueillir les critiques constructives. Plusieurs qualités sont essentielles à cultiver pour qui veut écrire, surtout l’humilité et la persévérance.
Finalement, ces diverses questions nous ont appris encore plus sur l’auteur ; son cheminement dans l’écriture, son processus de création, ses inspirations, etc. Lysette Brochu détient aussi son site personnel, où elle répond à de nombreuses questions de ses lecteurs, lectrices.
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Le Cavalier
Journal étudiant de l’école secondaire publique De La Salle Pages 6-10
https://de-la-salle.cepeo.on.ca/wp-content/uploads/sites/16/2018/09/Le_Cavalier_fev_2016.pdf
ÉDITION DU 4 FÉVRIER 2016
Lysette Brochu : l’auteur qui ranime les souvenirs
Par Midley Basquin
Lysette Brochu est une écrivaine franco-ontarienne née à Sudbury. Elle est l’auteure de nombreux livres et gagnante de divers prix au Canada.
Très impliquée dans la communauté, elle a participé à de nombreux ouvrages collectifs et des revues de langue française. Ensuite, depuis la publication de son roman en 2001, Brûlant secret de Marianne, elle édite uniformément des récits de vie, des ouvrages pour enfants, recueils de poésie, etc. Pour son public qui est de plus en plus varié, Lysette Brochu ranime des souvenirs, et fait rêver les plus petits. Récemment nous avons eu la chance d’interviewer l’auteure pour vous faire découvrir son cheminement, et bien plus…
Madame Brochu, vous écrivez plusieurs sortes de livres, d’où puisez-vous vos inspirations ?
R. Partout ! Dans mes souvenirs, de mes petits-enfants, d’un fait divers lu dans le journal, d’un rêve... Exemple: mon roman Brûlant secret de Marianne est inspiré d’une anecdote que m’a racontée un ami, au sujet de sa grand-mère. Le livre épistolaire Mes lettres et poèmes à Jules Roy, poste restante Vézelay, est le fruit d’un séjour en Bourgogne, en France. L’album, Les folies du poisson d’avril, raconte un peu ce que mon fils a joué comme tours à ses enfants, au fil des ans.
En quoi votre métier d’enseignante a-t-il un effet sur le fait que vous écrivez ?
R. C’est un peu la question de la poule ou de l’œuf, n’est-ce pas ? Je ne sais pas si j’écris parce que j’aime toujours ma profession ou si j’ai choisi d’être enseignante parce que j’aimais lire et écrire. Une chose est certaine, je n’écris pas pour donner des leçons ou faire la morale à qui que ce soit. Je veux simplement partager ce que j’ai appris parfois de peine et de misère. Surtout, je veux laisser des traces de mon passage sur la terre, témoigner de mon temps, faire rêver les enfants, et m’amuser avec les mots. J’ai la chance de donner des ateliers littéraires dans des classes, des bibliothèques, des Salons du livre, partout au Canada et même ailleurs dans le monde. Quel privilège ! Je me ressource en rencontrant plusieurs lecteurs, petits et grands, et je reviens chez moi, enthousiaste et prête à plonger dans la solitude de l’écriture. Pour moi, pas de retraite !
Pourquoi ne gardez-vous pas un seul public cible ? Par exemple, vous écrivez des livres pour jeunes enfants, et aussi pour un public un peu plus adulte.
R. Je n’ai pas envie de me faire cataloguer dans un genre en particulier «auteure jeunesse» ou «nouvelliste» ou «romancière» ou «poète» ou «haïkiste». J’écris pour mon plaisir, pour les tout-petits, les 7 à 107 ans, sans vouloir me restreindre à un seul style, sans penser à une carrière à long terme. Je rêve d’écrire une «pièce de théâtre», pourquoi pas ? Ou un «Récit de voyage»... Pendant ma carrière en enseignement, j’ai aussi souvent changé de groupes d’âge. J’ai commencé ma carrière au primaire, puis j’ai longtemps enseigné au secondaire, ensuite à l’université aux jeunes et aux adultes. J’aime être libre de suivre mon pif, mon intuition, mes impulsions.
Avez-vous une préférence en matière de livre que vous écrivez; aimez-vous un genre plus que l’autre ?
R. Difficile à répondre. J’ai connu une grande satisfaction à tenir mon premier roman entre mes mains. Mais, plusieurs de mes lecteurs me demandent un troisième recueil de «tableaux de vie». Il faut dire que ce genre me vient facilement... Les récits de vie ont un pouvoir transformateur mystérieux. Chaque lecteur, habité par son histoire personnelle, rencontre un autre «je» et sort de son isolement. La magie opère! Les souvenirs se réveillent, éclairent parfois des pans entiers du passé, modifient l’avenir. Le liseur sourit, rit, verse même une larme... ne sera plus jamais le même. Rien n’est banal, même l’anecdotique. Le moindre tableau peut devenir trésor de littérature ou étincelle de lumière. Dans une société qui change du jour au lendemain, à un rythme effarant, le récit de vie vient aussi combler les trous de mémoire collectifs. Et je me rends compte que les gens aiment beaucoup la télé-réalité, les autobiographies...
Et est-ce que l’écriture fait partie de vous depuis votre enfance ?
R. C’est mon institutrice de septième année qui m’a fait vibrer avec un poème, l’Érable rouge d’Albert Lozeau. Elle a su me transmettre sa passion pour la poésie. Donc, à l’âge de douze ans, j’ai commencé à faire des vers, comme on apprend à tricoter ou à jouer de la guitare. J’avais très peu de confiance en moi cependant. Je n’ai donc pas publié avant l’âge de vingt-huit ans.
Vous êtes très présente dans la société franco-ontarienne et vous êtes juge dans plusieurs concours, comment c’est pour vous d’épauler
d’autres passionnés ?
R. Ma mère disait souvent : «On ne fait pas son ciel tout seul.» C’est en aidant aux autres à réaliser leurs rêves que nous sommes le plus heureux, j’en suis convaincu. Peut-être est-ce une qualité de mon cœur d’enseignante ? Presque tous mes livres pour enfants ont été illustrés par quelqu’un «sans expérience» et non «sans talent». Des jeunes qui voulaient leur chance, mais les éditeurs leur répondaient : «Vous n’avez pas d’expérience.» Je voulais être celle qui leur ferait confiance, qui leur offrirait l’occasion de montrer ce qu’ils pouvaient faire...
Comment décririez-vous votre processus d’écriture ?
R. Pas de recette magique. Cependant, moins j’écris, moins j’ai le goût d’écrire. Alors, je me motive donc à écrire un peu tous les jours. J’écris un paragraphe ou deux pages ou plus par jour. Parfois, je consulte mon carnet de notes, celui que je garde dans mon sac à main et dans lequel je rédige des idées ou des bribes de conversation ou des fragments de rêves... Je sors aussi mon cahier de vocabulaire. Par exemple, pour l’écriture de mon roman Brûlant secret de Marianne, j’avais une banque d’expressions et de mots de l’époque : magané, s’épivarder, etc. Cette liste m’aidait à étoffer mes dialogues. Afin de commencer à écrire, je dois savoir comment mon texte se terminera. Aussi, j’aime bien avoir un titre en tête, car, il oriente mon récit. Après un premier jet, je me relis... je corrige et je peaufine le texte. J’ai aussi un «dream team» composé de cinq amis, des auteurs que j’aime bien. Une fois par mois ou tous les deux mois, nous nous rencontrons pour discuter de nos impasses. Cela permet de mieux réviser nos écrits, de les perfectionner. Il faut avoir le courage nécessaire afin d’accueillir les critiques constructives. Plusieurs qualités sont essentielles à cultiver pour qui veut écrire, surtout l’humilité et la persévérance.
Finalement, ces diverses questions nous ont appris encore plus sur l’auteur ; son cheminement dans l’écriture, son processus de création, ses inspirations, etc. Lysette Brochu détient aussi son site personnel, où elle répond à de nombreuses questions de ses lecteurs, lectrices.
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