
Quand l'écrivain devient un être paradoxal
03/12/13 02:17
Automne 2013
Bloc-notes
Nous avons lu pour vous
par Paul-François Sylvestre
Quand l’écrivain devient un être paradoxal
Lysette Brochu, Mes lettres et poèmes à Jules Roy. Poste restante, Vézelay, Ottawa, Éditions du Vermillon, coll. Parole vivante, 2011, 240 pages.
À l’automne 2010, Lysette Brochu a effectué une résidence d’écrivain à Vézelay, en France, à la Maison Jules-Roy, dernier domicile d’un immense personnage de la littérature française : Jules Roy, auteur de 21 romans et récits, de 22 essais, de huit recueils de poésie, de six pièces de théâtre et de quatre récits autobiographiques. L’auteure franco-ontarienne a baigné dans l’univers d’un homme paradoxal en s’abreuvant des écrits du célèbre Vézelien. Plus elle s’approchait de lui, plus elle lui adressait des missives personnelles, comme si elle se trouvait face à lui, dans sa bibliothèque. Le résultat est Mes lettres et poèmes à Jules Roy. Poste restante, Vézelay.
Jules Roy est né en Algérie le 22 octobre 1907 et est décédé à Vézelay le 15 juin 2000. Il a remporté le Prix Renaudot en 1946 pour La Vallée heureuse, le Prix Prince-Pierre-de-Monaco en 1954 pour le Navigateur, le Grand prix de littérature de l’Académie française en 1958 et le Grand Prix national des lettres en 1969. Lysette Brochu a lu plusieurs récits de Jules Roy et une partie de sa correspondance pour mieux le connaître, bien entendu, mais aussi pour comprendre sa vie de couple/famille et pour le ramener avec elle au Canada. « C’est pour moi un défi passionnant."
Lysette Brochu apprend bien des choses sur Jules Roy et elles ne sont pas toutes flatteuses. "Vous venez de dégringoler du piédestal. Oui ! je déchante. » Père absent, mari violent, papa pas heureux d'avoir un fils homme pour qui la paternité est une charge plutôt qu’une mission. Jules Roy était un autocrate pour qui il est difficile d'aimer. "Trop occupé à commander, lui écrit Lysette Brochu, vous ne saviez vraiment pas exprimer votre amour à vos enfants, et ce, même si vous les aimiez, à votre façon. »
Cela ne diminue en rien l’estime de Lysette Brochu envers l’homme de plume. Jules Roy a frayé avec Montherlant, Camus et Saint-Exupéry. Il en a retenu des lois de l’écriture, dont voici quelques extraits en vrac : « inventer, inventer, c’est l’inattendu qui prévaut; essayer de provoquer la surprise; ne pas craindre de scandaliser les imbéciles; quand l’écriture s’enraye ou s’enlise, écrire quand même, mécaniquement, jusqu’au retour de la grâce; le créateur est un médium en transe ».
Jules Roy était un écrivain que ses proches, ses collègues et ses lecteurs aimaient, mais un homme orgueilleux, méchant, voire détesté. C’est ce paradoxe qui ressort des lettres que Lysette Brochu a écrites au « cher Julius » entre le 13 octobre et le 23 novembre 2010.
66 Le Chaînon, automne 2013
***
Bloc-notes
Nous avons lu pour vous
par Paul-François Sylvestre
Quand l’écrivain devient un être paradoxal
Lysette Brochu, Mes lettres et poèmes à Jules Roy. Poste restante, Vézelay, Ottawa, Éditions du Vermillon, coll. Parole vivante, 2011, 240 pages.
À l’automne 2010, Lysette Brochu a effectué une résidence d’écrivain à Vézelay, en France, à la Maison Jules-Roy, dernier domicile d’un immense personnage de la littérature française : Jules Roy, auteur de 21 romans et récits, de 22 essais, de huit recueils de poésie, de six pièces de théâtre et de quatre récits autobiographiques. L’auteure franco-ontarienne a baigné dans l’univers d’un homme paradoxal en s’abreuvant des écrits du célèbre Vézelien. Plus elle s’approchait de lui, plus elle lui adressait des missives personnelles, comme si elle se trouvait face à lui, dans sa bibliothèque. Le résultat est Mes lettres et poèmes à Jules Roy. Poste restante, Vézelay.
Jules Roy est né en Algérie le 22 octobre 1907 et est décédé à Vézelay le 15 juin 2000. Il a remporté le Prix Renaudot en 1946 pour La Vallée heureuse, le Prix Prince-Pierre-de-Monaco en 1954 pour le Navigateur, le Grand prix de littérature de l’Académie française en 1958 et le Grand Prix national des lettres en 1969. Lysette Brochu a lu plusieurs récits de Jules Roy et une partie de sa correspondance pour mieux le connaître, bien entendu, mais aussi pour comprendre sa vie de couple/famille et pour le ramener avec elle au Canada. « C’est pour moi un défi passionnant."
Lysette Brochu apprend bien des choses sur Jules Roy et elles ne sont pas toutes flatteuses. "Vous venez de dégringoler du piédestal. Oui ! je déchante. » Père absent, mari violent, papa pas heureux d'avoir un fils homme pour qui la paternité est une charge plutôt qu’une mission. Jules Roy était un autocrate pour qui il est difficile d'aimer. "Trop occupé à commander, lui écrit Lysette Brochu, vous ne saviez vraiment pas exprimer votre amour à vos enfants, et ce, même si vous les aimiez, à votre façon. »
Cela ne diminue en rien l’estime de Lysette Brochu envers l’homme de plume. Jules Roy a frayé avec Montherlant, Camus et Saint-Exupéry. Il en a retenu des lois de l’écriture, dont voici quelques extraits en vrac : « inventer, inventer, c’est l’inattendu qui prévaut; essayer de provoquer la surprise; ne pas craindre de scandaliser les imbéciles; quand l’écriture s’enraye ou s’enlise, écrire quand même, mécaniquement, jusqu’au retour de la grâce; le créateur est un médium en transe ».
Jules Roy était un écrivain que ses proches, ses collègues et ses lecteurs aimaient, mais un homme orgueilleux, méchant, voire détesté. C’est ce paradoxe qui ressort des lettres que Lysette Brochu a écrites au « cher Julius » entre le 13 octobre et le 23 novembre 2010.
66 Le Chaînon, automne 2013
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